Ensemble Vocal de Saint-Maurice
Charles Barbier, direction
La Guilde des Mercenaires

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Que sont les Vêpres de Claudio Monteverdi dans la vie de leur auteur ?

Un acte de foi conçu dans une époque difficile où le musicien, en pleine maîtrise de ses moyens artistiques, vit à la cour ducale de Mantoue, au service du prince Vincent de Gonzague. Là, il a créé un premier chef-d’œuvre profane, source de l’opéra baroque, Orfeo représenté en 1608. Deux années plus tard, il compose le Vespro della Beata Vergine.

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Dédié au Pape Paul V, ce « chant à la Très Sainte Vierge » contient, sur le mode liturgique cette fois, la première somme artistique et spirituelle du maître : malheureux et incompris à Mantoue, Monteverdi y déverse un torrent de trouvailles et de possibilités musicales. Son intention est claire : démontrer sa maturité et sa maestria pour trouver un nouveau mécène. Les prouesses vocales des solos, duos et trios alternent avec les sonates pour instruments.

Les styles ancien et moderne sont mêlés et tissent un ample portique en cinq psaumes dans lesquels s’inscrit aussi la souffrance récente du poète qui se remet du deuil de sa chère épouse. L’œuvre est un répertoire de morceaux divers, une encyclopédie, non pas conçue comme un cycle complet, mais bien telle « une réserve » où les exécutants peuvent à loisir, selon les possibilités du lieu, choisir entre les pièces.

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Virtuosité et spiritualité, cohérence et détail, autant de sujets que l’exécutant actuel doit apprécier pour ne rien omettre de la qualité universelle de ce monument sacré. Outre l’éclectisme de cet ouvrage visionnaire, les interprètes modernes aiment souligner le génie dramatique qui, dans une œuvre liturgique, ose ce que personne n’avait imaginé : ce que Verdi, compositeur d’opéras, réalisera quelques siècles plus tard en écrivant son Requiem.

Alexandre Pham